SPIRIDON SPATHIS (1852-1941) L’ harmonisation du Chant Byzantine
dans l’ Église Orthodoxe Grecque de
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INTRODUCTION
Il est
connu que la musique byzantine est une musique ecclésiastique et donc,
l’église est le seul lieu sacré où nous pouvons la
chanter ou l’écouter. La tradition veut qu’elle soit purement monodique
et vocale. Cependant, l’église grecque orthodoxe de Paris, Saint
Stéphane (Etienne), à partir de son inauguration en 1895 et
jusqu’à 1975, a vécu un fait unique. Pendant toutes ces
années, on y chantait des chants byzantins harmonisés pour
quatuor vocal mixte, d’après l’inspiration et les travaux
exhaustifs de son premier maître de chapelle, le Dr. Spiridon (Spyro) Spathis. Pour cette raison
exactement, nous pensons que la présentation de la vie et surtout de
l’oeuvre du Dr. Spathis serait très intéressante. Certainement,
nous ne pouvons pas faire des analyses méticuleuses sur les
différents problèmes qui se posent, comme par exemple, celui de
l’harmonisation du chant byzantin qui reste ouvert jusqu’à présent.
Il s’ensuit, qu’il ne s’agit pas d’une étude définitive, au
contraire, elle permet plusieurs améliorations. Pour
révéler et bien estimer l’oeuvre de Spyro Spathis, nous devons
être au courant de la situation de l’époque. Le 19e
siècle est un siècle de grands changements. En Plus
précisément, la culture musicale des grecs à
l’époque n’est pas évidente. Il y avait une
ambiguïté en ce qui concernait la lutte entre l’Occident et
l’Orient ! D’une part, nous avions une minorité de
privilégiés de la bourgeoisie, avec une éducation et
orientation occidentale. D’autre part, nous avions la classe des paysans, des
ouvriers et des petits-bourgeois qui étaient toujours fidèles
au chant monodique, populaire ou byzantin, et trouvaient que les premiers
devenaient les traîtres et les ennemis du pays. Par conséquent,
les colonies grecques de l’étranger en combinaison avec la composition
de la société Athénienne ont conduit la nouvelle sorte
de musique liturgique grecque, Retournons
à L’AN M DCCC XC DANS
LA PENSÉE DU SA MAJESTÉ GEORGES DONATEUR CE ÉTANT ROI DE GRÈCE EST
DESTINÉ A GROUPER MONSIEUR SADI CARNOT SES
COMPATRIOTES SUR ÉTANT PRÉSIDENT DE LA LA TERRE
FRANCAISE RÉPUBLIQUE FRANCAISE CET ÉDIFICE A ÉTÉ VAUDREMER
ARCHITECTE ÉRIGÉ PAR DÉMETRIUS GUILLOTIN
CONSTRUCTEUR STEFANOVICH SCHILLIZZI LAMEIRE ARTISTE PEINTRE Démetrius Stefanovich Schilizzi avait coutume de
suivre, comme tous les membres de la colonie grecque, puisqu’il n’y avait pas
une église grecque, les offices de l’église russe, Saint
Alexandre de la rue Daru. Finalement, Démetrius Schilizzi a eu
l’inspiration d’édifier de ses propres deniers une magnifique
église grecque à Les jours des
préparations pour l’inauguration de l’église, une question
délicate se posa : la question
musicale ! Nous citons : « Qui pourrait monter des Choeurs dans la
vraie tradition du pays grec ? Un seul homme dans toute la Grèce
connaissait parfaitement les merveilleux thèmes byzantins qu’il
harmonisa d’ailleurs admirablement d’une manière moderne, en laissant
ressortir toute la pureté de la ligne mélodique byzantine.
C’était le Dr. Spiridon
Spathis, médecin, professeur agrégé à la
faculté de médecine d’Athènes et aussi professeur de
musique distingué »[4]. Le Roi Georges 1er
de Grèce, qui se trouvait à LA VIE DE SPIRIDON (SPYRO) SPATHIS
Spiridon (Spyro) Spathis est né
à Nauplie, d’origine des îles Ioniennes (il venait de
Céphalonie), le 24 mars 1852, fils d’Athanase Spathis (né
à Céphalonie) et de Paraskévi Politi (née
à Le rôle de
la reine Olga était déterminant. Habituée à la
musique polyphonique des églises russes, la reine décida de
transporter les mêmes coutumes en Grèce. Pour cela, elle invita
de la Russie le chef de choeur d’église Sainte Trinité d’Odessa, Alexandros Katakouzinos[6]. Katakouzinos
présenta dans peu du temps la liturgie de Haviara[7],
arrangée par lui-même (pour une voix enfantine et trois
d’hommes) et plus tard, il présenta une autre, composée
entièrement par lui, conformément aux modèles russes[8]. Cette
musique a été aimée par le public Athénien, car
à l’époque toute musique qui venait de l’étranger
était la bienvenue[9]. Spyro Spathis est
devenu l’assistant du chef de cette chorale ecclésiastique de la
paroisse royale de Saint George. Plus tard, Spathis remplaça
Katakouzinos après la mort de ce dernier. En même temps, il
faisait ses études médicales à Athènes.
Après avoir obtenu sa maîtrise et ayant gagné une bourse
allouée par la reine Olga de Grèce, il continua à Spathis harmonisa la
liturgie de Saint Chrysostome qui était chantée d’ailleurs
à la Cour. Il s’agit, comme nous verrons plus tard, de la
première version qui était destinée aux voix
exclusivement masculines. L’église orthodoxe de Marseille acheta en
1936 cette liturgie pour la somme de 10.000 FF[11]. Le 24 janvier
1882, Spyro Spathis se maria avec la nièce de M. Schliemann,
Hélène Geladaki (1859 ? - 1906), avec laquelle il a eu
un fils[12] : Théodore Spathis (1883 - 1943), violoniste très
réputé en Spyro Spathis fut
le premier président de « l’Association Philharmonique
d’Athènes », qui a été fondée en 1885 et qui
jusqu’à 1896, l’année des 1er Jeux Olympiques, avait
développé une action Spathis quitta
Athènes seulement en 1895, quand on lui demanda d’inaugurer avec ses
Choeurs la nouvelle église grecque, Saint Stéphane. Par
conséquent, juste avant son départ, il confia la direction de
sa chorale de l’église Chrisospileotissas à son collègue
distingué, Dionysios LAVRANGAS[13]. « Quand il (S. Spathis) est venu à Pourtant, le Dr
Spathis n’avait pas abandonné son amour pour la médecine ! Il
fréquentait journellement les plus importants hôpitaux,
connaissant tous les grands noms de la chirurgie. Il lisait
passionnément tous les journaux médicaux et était au
courant des progrès effectués. D’autre part, il allait de temps
en temps en Grèce, car il adorait la politique. Finalement, il menait
une double, même triple vie : il était partagé entre la
musique, la médecine et la politique. Après
la mort de sa première épouse, due à une crise cardiaque
à Hélène-Cléopâtra Spathis-Petersen &
Hélène Papadopoulou, Paris 1997 Une des
premières préoccupations du Dr. Spathis était d’initier
sa femme à son oeuvre et son travail comme maître de chapelle de
l’église grecque. De cette façon, Mme Fanny Spathis,
après la mort de son époux en 1941, pris la direction de ces Choeurs Byzantins, prolongeant et magnifiant l’oeuvre de son
mari avec une autorité, une intelligence et un goût des plus
remarquables[14], sans
jamais changer leur nom. De plus, en 1952 et sous sa direction toujours, nous
avions l’enregistrement des quatre chants par les Choeurs Byzantins, chantés dans l’église grecque
orthodoxe. Il s’agit de deux disques enregistrés par le firme PATHE-MARCONI
: 1.
Tou dhipnou sou tou mystikou (La Cène
Mystique), 2.
Epitafios
Thrinos (Lamentations), 3.
Megalinon Psychi mou (Le Chant de l’Epiphanie) et 4.
Christos Anesti (Christ est ressuscité). Ce sont des hymnes
de la liturgie orthodoxe, harmonisés par le Dr Spyro Spathis. L’OEUVRE DE SPIRIDON (SPYRO) SPATHIS
Spyro
Spathis n’était pas un compositeur au sens propre du terme, mais il a
fait une chose plus intéressante et surtout originale pour le genre musical
qu’il avait choisi. Il a harmonisé des chants byzantins.
Premièrement, il avait fait une
harmonisation pour choeur pour voix d’hommes. La composition de ce choeur
est la suivante : barytons 1, barytons 2, ténors et basses. Cette
musique était chantée essentiellement à Athènes.
En L’oeuvre
monumentale du Dr. Spathis est essentiellement liturgique et unique, car elle
comporte intégralement tous les chants byzantins
exécutés durant l’année : la musique de la liturgie des
Dimanches, des fêtes, de Pâques, des mariages, des enterrements
etc. Quant au nombre des chants harmonisés, selon l’Evêque de
Reggio Meletios[16], nous
avons 80 chants byzantins harmonisés ! Mais, d’après nos
recherches, nous certifions qu’il s’agit de beaucoup plus. Le Dr. Spathis
assez souvent, prenait même des mélodies de la liturgie russe
afin de les harmoniser pour les besoins de la liturgie dans l’église
grecque, comme par exemple le « chérouvikon » de Vortianski. Le seul morceau entièrement de sa composition est l’hymne
dédié à la famille royale de Grèce (Polychronion), chanté tous les
Dimanches à la fin de la messe. Toute sa musique se trouve
actuellement dans les mains de sa fille qui possède même les
feuilles exceptionnelles qui changent chaque Dimanche[17]. Malheureusement,
l’oeuvre de Spathis n’est pas encore éditée. Mais, elle a
été jugée en France d’une grande valeur artistique par
la Société des Auteurs et Compositeurs Française
(SACEM), qui a admis à titre posthume, fait tout à fait
exceptionnel, le Dr. Spyro Spathis parmi ses membres. La seule harmonisation
qui est imprimée est Cependant,
beaucoup de ses compositions furent écoutées non seulement
à Athènes et Paris, mais aussi à Marseille, sous la
direction de son fils, Théodore Spathis. CHOEURS BYZANTINS DE L’EGLISE GRECQUE
Le
choeur, qui était connu sous le nom Choeurs Byzantins de
l’église grecque dès le début de son existence,
était un choeur de premier ordre. Le Dr. Spathis ne voulait
guère d’amateurs. Il choisissait les meilleures voix puisqu’on
chantait toujours a capella. En particulier, il prenait des chanteurs des
choeurs de l’opéra. Parfois, il utilisait des basses russes de
l’église russe de la rue Daru, les russes ayant des voix magnifiques
et très profondes. Pour cette raison, le liturgie commençait
précisément à 10h 45. Ainsi, les chanteurs dont la
plupart étaient aussi choristes dans d’autres églises à Un autre fait qui
est étonnant est que le choeur ne faisait aucune répétition, en revanche, il
déchiffrait perpétuellement. La question est pourquoi on ne
faisait que de déchiffrage ? « C’était une question financière », nous
répond Mme Petersen. On chantait
toujours en grec. Certainement pour les chanteurs qui étaient
essentiellement français, il était impossible de lire en grec.
C’est pourquoi nous voyons dans la partition de la liturgie, entre les deux portées de
chaque système, trois lignes du texte : en premier ligne, il y
a le texte grec; en deuxième ligne, il y a les équivalents
phonétiques en français du texte grec et finalement en
troisième, nous avons les équivalents phonétiques en
anglais. HYMNES POUR L’OFFICE DIVIN DE SAINT JEAN CHRYSOSTOME
Le
titre de la liturgie[19], se
donne principalement en grec et ensuite, en français et en anglais.
Dans les trois premières pages, une introduction se faite par
l’Evêque de Reggio Meletios sur Spiridon Spathis et son oeuvre,
donnée également en trois langues. Il suit le texte musical.
L’écriture est pour quatuor vocal mixte (soprano, alto, ténor
et basse), tandis que pour le texte, des caractères grecs et latins
sont utilisés, comme nous l’avons marqué précédemment. En dehors du texte
et de la musique, dans les partitions, qui étaient écrites
d’ailleurs par le Dr. Spathis lui-même, sont également
écrites les paroles du prêtre juste avant le chant. De plus, il
y a des précisions qui concernent le tempo de chaque hymne. Ainsi,
nous voyons dans la partition Andante,
Moderato Mosso, Maestoso, Lento etc. Pour les grandes valeurs, Spathis utilisait
très souvent le point d’orgue, comme équivalent des signes
respectifs de la notation byzantine. Des nuances sont aussi marquées :
p, cresc., mf, diminuendo, pp etc.[20] Avec
tous ces moyens, le Dr. Spathis aidait ses chanteurs à leur
déchiffrage pour une meilleure exécution, chose qui
n’empêchait du tout de suivre ses gestes ! Pour certains
hymnes, Spathis employait la technique selon laquelle la mélodie est
partagée dans des voix différentes[21],
faisant le chant beaucoup plus intéressant pour ceux qui
écoutent et également, pour ceux qui chantent. Ailleurs, nous
avons la mélodie qui se distingue, tandis que les autres voix gardent
une espèce de ison[22] . De
cette façon, Spathis a laissé derrière lui une
harmonisation qui se contentait dans le simple emploi des quatre voix. Avant la fin de
cette présentation, nous voudrions terminer avec quelques critiques de
l’époque sur l’oeuvre du Dr. Spathis : ·
Une des
premières critiques sur l’oeuvre de Spyro Spathis est signé par un certain R.D. La source reste inconnue, mais il est sur qu’il s’agit d’une
critique entre 18 mai 1908 et 10 octobre 1908. «...Ce
fut un chant, d’abord très doux, une mélodie au rythme grave,
traduisant à merveille les aspirations de l’âme orientale sous
une forme si caractéristique, si délicieusement exotique qu’une
émotion profonde, inoubliable, s’empara de tous les assistants. Puis les
voix s’enflèrent, emplirent les voûtes de sonorités
puissantes. Le chant s’élargit, sembla plus grandiose et plus
touchant...L’impression de beauté parfaite, d’une note d’art nouvelle,
était si profonde et si unanime, que de nombreux assistants - dont j’étais
- ont voulu savoir quel habille maître de chapelle, quel artiste
raffiné avait su grouper d’aussi merveilleuses voix et composer des
choeurs aussi parfaits traduisant avec une telle maîtrise
l’incomparable grandeur de ces chants liturgiques...Le docteur Spathi est, en
musique, un savant. Avec une patience et un art consommés, il a
reconstitué les chants liturgiques byzantins, les a transcrits en
musique moderne, tout en leur conservant leur caractère
spécial, leur originalité foncière. Il a parfaitement
stylé les chanteurs hommes et femmes, découverts par lui. Il a
composé les choeurs et a su faire, de chacun de ses collaborateurs, un
artiste personnel et délicat...Avec la seule aide d’un diapason, il
fait chanter, en quatre parties, cette musique d’une si étrange
hardiesse symphonique, empreinte d’une telle ferveur religieuse, quoique si
vraiment humaine, sans une défaillance, sans la plus infime
imperfection...». ·
Le Petit Parisien, 26 avril 1943,
Article d’Adolphe Borchard : «..A l’église orthodoxe de la rue
Bizet avait lieu une audition musicale unique dans l’année, d’un
intérêt particulier. L’orgue étant exclu de la
cérémonie, tous les chants, ici, sont a cappella.
Millénaires chants byzantins, chantés aujourd’hui encore dans
l’idiome grec original, et dont le maître de chapelle, Mme Spathis,
veille jalousement à conserver l’immuable tradition...». ·
L’Echo de la «...Et surtout, on peut y admirer des
exécutions chorales a capella de la plus rare qualité...le
docteur Spathis a pris le parti de sertir ces joyaux, d’encadrer ces
icônes sonores dans l’orfèvrerie, les ornements, les
émaux et les ciselures de la mesure, de l’harmonie et de la polyphonie
modernes. Les musicologues trouveront l’initiative hardie, mais les musiciens
l’approuveront volontiers...Ce travail d’adaptation et de traduction de
monodies si étrangères aux habitudes d’oreille d’un Occidental
a été, en effet, exécuté avec un tact et un
goût parfait. Les intervalles de ces chants sacrés et leurs
courbes mélodiques conservent toute leur noblesse et toute leur
puissance d’émotion. Le somptueux vêtement sous lequel ils se
présentent à nous ne fait qu’accroître leur
majesté...Le docteur Spyro-Spathis a allumé ici une flamme sur
laquelle il convient de veiller jalousement ». ·
Pour
une autre critique dans la Nouvel
Alsacien de Strasbourg, la date et le nom de celui qui écrit
l’article restent introuvables. La seule chose connue est qu’il était
publié après la diffusion des disques des Choeurs Byzantins à la Radio Suisse : « ...La chorale Byzantine de Mme Fanny
Spathis nous a révélé des échantillons excellents
des chants liturgiques byzantins. Quelqu’un reste
stupéfié de la qualité de son oeuvre... »[23]. ·
Journal de Musique Français, 1er
année, No 8, 10 avril 1952 : article sur les disques qui venaient de
circuler actuellement. La parole pour les Choeurs
Byzantins, écrit par L’Aiguilleur (E. Vuillermoz). «...On
sera frappé du réalisme de ces exécutions auxquelles se
mêlent les voix des fidèles et Dans nos archives
également, nous avons deux lettres qui datent de 1978. La
première (13 novembre 1978) est écrite par M. Guy Erismann, chef
du service de production de CONCLUSION
L’harmonisation
du chant byzantin est apparue comme phénomène musical vers la
moitié du 19e siècle. La musique de Haviara domina en Autriche,
en Allemagne et en Roumanie, tandis qu’à Londres, nous avions la
musique de Labelet[24] et
à Cependant, il y a
deux questions importantes à poser : 1.
Etant donné que la tradition sacrée de
l’église orthodoxe veut la musique byzantine purement monodique,
est-ce qu’il est possible d’accepter l’harmonisation dans son bercail ? 2.
Quelles étaient les motivations profondes de
Spyro Spathis et d’autres musiciens respectives pour un tel travail ? « L’harmonisation est une musique purement
byzantine », nous répond Mme Spathis-Petersen quand elle
confronte notre première question. « Ce n’est pas une musique arrangée, mais
harmonisée », continue-t-elle, « qui veut dire, que la mélodie principale du chant
reste intacte, tandis qu’en même temps, on ajoute trois voix pour
l’harmonisation. Spathis d’ailleurs était tout à fait contre l’arrangement ! Pour lui, le
chant byzantin était sacré, il lui avait consacré sa vie
entière. Il s’agissait d’un travail énorme...Il recueillait
toutes ces hymnes, car ils étaient beaux. Il avait peur qu’ils
soient perdus ! De cette façon, il les apprenait par coeur,
puisqu’il avait une oreille excellente, il les a écrits en les
transportant à la notation européenne et ensuite, il en a fait
l’harmonisation. Pourquoi ? Parce qu’il trouvait que ces hymnes, sous leur
forme d’avant, étaient très monotones. Donc, il voulait changer
; il ne voulait pas rester dans cette monotonie, par contre, il voulait la
mettre en valeur et donc, il la brisa, d’une part avec ses harmonisations, et
d’autre part, en faisant entrer dans l’église grecque des hymnes
recueillis par d’autres traditions ». Spathis avec son
oeuvre toucha le problème actuel de l’époque, dit « problème ecclésiastique ».
Pour cette raison, sa vie et son oeuvre furent un sujet extrêmement intéressant
à aborder. Avec ses harmonisations, Spathis est devenu l’un de ceux
qui soutenaient et luttaient passionnément pour
« l’évolution » de la mélodie byzantine, autrement
dit, son harmonisation, jouant un rôle déterminant. La partie conservatrice, donc la partie qui restait toujours
fidèle au chant byzantin monodique, était
représentée par Constantin
Psachos[26] et son
cercle à Athènes. Pour eux, le danger se trouvait dans les
transcriptions pour quatuor des hymnes ecclésiastiques que presque
toutes les églises grecques de l’Europe Occidentale acceptaient, et le
fait qu’aucune autorité ecclésiastique ne faisait rien contre
la nouvelle mode, qui a commencé en 1844 (avec l’oeuvre des Haviara -
Randhartinger : Hymnes de la liturgie
divine et sacrée, publiée à Vienne)[27]. Pour confronter
une telle situation, les représentants de la partie conservatrice ont
décidé de construire des instruments qui renforceraient leurs
positions pour la musique byzantine monodique. Ainsi, nous avions le Ioakimio Psaltirio (fait en 1822
à Constantinople) et le Evio
Panarmonio (fait en 1924 par C. Psachos à Athènes)[28] . Dans la partie opposée à
Psachos se trouvait S. Stamatiadis,
dit Eliseos Giannidis[29].
Stamatiadis explique en premier lieu[30],
pourquoi une telle harmonisation est possible, se référant aux
intervalles de la musique byzantine et ceux de la musique européenne
respectivement. Après avoir donné toutes les explications
nécessaires, il continue avec l’harmonisation, qui n’est pas une invention, mais, une découverte d’une série
des lois physiques, voire psychologiques. Ainsi, il entend la sensation
psychologique qui accompagne chaque note, chaque phrase. Il s’ensuit, dit-il,
qu’il est indispensable d’harmoniser respectivement, c’est à dire de
trouver la sensation qui est cachée dans une certaine mélodie
et ensuite, de la traduire en accords. Une telle harmonisation Stamatiadis
l’appelle : interprétation de la
mélodie. L’argument final contre ceux qui voulaient la monodie
comme facteur déterminant de l’héritage byzantin, est le suivant
: « nous ne demandons pas
l’européanisation de la musique byzantine, mais son évolution
naturelle »[31]. Les
gens qui croyaient et défendaient ce nouveau genre, l’appelaient : musique
harmonisée Byzantiaque ou Hellénique[32]. A l’exception des
colonies grecques en Europe, il faut citer les églises orthodoxes de
la Bulgarie, de la Russie et de l’Arménie, où l’harmonisation
du chant était un fait, tandis qu’il y avait en même temps,
l’opinion contraire (les vieux croyants, old
believers, en Russie ou le compositeur Komitas Wartapet en
Arménie)[33]. Quant aux
musiciens ou musicologues étrangers qui s’occupèrent de la
musique byzantine, les noms de Egon
Wellesz et de H.J.W. Tillyard
sont très connus plutôt pour la question de l’origine de cette
musique. Pour l’harmonisation, nous avons Bourgault-Ducoudray qui fut partie pour elle et les russes : O. Allemanov et A. Zvierev. Contre l’harmonisation se plaça l’allemand J. Enning, mais plutôt pour
des raisons esthétiques que techniques[34] ! Aujourd’hui, la
situation en Grèce n’est pas la même que de l’époque en
question. L’église orthodoxe accepte la musique polyphonique ou au
moins, il y a une tolérance sur ce point-là. Actuellement, dans
la plupart des églises grecques nous pouvons entendre après la
liturgie traditionnelle, au sens propre du terme, une deuxième
liturgie, chantée par une chorale des voix mixtes. Les grecs modernes
donc, peuvent choisir la liturgie à laquelle ils vont assister, car il
serait peut-être exagéré de croire qu’il y a un seul
chemin qui conduit à la Vérité. CATALOGUE D’OEUVRES DEPOSEES A LA SACEM DE
SPIRIDON SPATHIS
Dans la
présente, nous allons essayer à donner un catalogue des oeuvres
de Spiridon (Spyro) Spathis. Pour ce catalogue, il était indispensable
de consulter la Société
des Auteurs et Compositeurs Française (SACEM), en dehors les archives de Mme Petersen,
puisque notre musicien fut admis à titre posthume le 3 avril de 1944.
Les hymnes qu’on peut trouver déclarés dans le dossier de
Spathis Spiridon Spyro sont les suivants, bien que Mme Petersen nous
vérifia qu’elle n’y déclara pas toute son oeuvre. Nous devons
un grand merci au responsable de la documentation générale et
de la répartition, M.
Jean-Michel RETAILLEAU, qui avec gentillesse nous a donné toute information
concernante le Dr. Spyro Spathis. Le catalogue avec
l’ordre de déclaration, est le suivant : 1. Allilouïa No 15, 2. Amin ayios o theos No 14, 3. Amin i to onoma kyriou No 53, 4. Amin sosson imas No 7 et 7bis, 5.
Amin tes presvies No 4, 6. Axion estin No 34, 7. Ayios, ayios, kyrios savaoth No 30, 8.
Chants
liturgiques du mode Plagel 1er, 10 minutes - 12 parts 2/12. 9.
Cherouvikon ita cherouvim No 18, 10.Christos Anesti voir Messe de
Paques, 11.Doxassi Kyrie No 17, 12.Eleon irinis No 26, 13.Enite No 47, 14.Epitafios thrinos, 15.Hymne à Ste Sophie. Kyrie sosson, 1´ 5 minute
- 3 parts 2/12. 16.Hymnes pour l’office divin de St Jean Chrysostome (Patera
imon, Eleon irinis, ayios, ayios kyrios savaoth, se ymnoumen, axion estin, is
ayios, enite, idhomen to fos, amin i to onoma Kyriou, Polychronion, Kyrie
eleisson, Os ton vassilea, Cherouvikon ita cherouvim, Doxassi Kyrie,
Allilouïa, Amin, ayios o theos, Amin, sosson imas, Amin, tes presvies),
pour choeur d’hommes, 35 minutes, 48 parts 2/12. Il y a également pour
choeurs mixtes : 35 minutes - 48 parts 2/12. 17.Idhomen to fos No 48, 18.Is ayios No 46, 19.Kyrie eleisson No 20, 20bis, 39, 20.Liturgie St Bazile, pour choeur mixte,
10minutes - 12 parts 2/12. 21.Mégalinon psyché mou, 3´ 5 minutes
- 6 parts 2/12. 22.Messe de mariage, 10 minutes - 12 parts 2/12. 23.Messe de Pâques - christos anesti, 10 minutes, 12
parts 2/12. 24.Messe des morts, 10 minutes - 12 parts 2/12. 25.Messe du Samedi Saint (matin) et
Siyissato, 10 minutes - 12 parts 2/12 et 5 minutes - 6 parts 2/12. 26.Messe du Jeudi Saint (soir), Simeron
Kremate epi xylou, 15 minutes - 24 parts 2/12 et 4 minutes - 6 parts 2/12. 27.Messe du Vendredi Saint (matin), 10
minutes - 12 parts 2/12. 28.Messe du Vendredi Saint (soir) avec TE
DEUM (La Grande Doxologie). Epitafios Thrinos (Thrènes, Lamentations),
35 minutes le tout - 48 ou 18 ? parts 2/12 ; Te Deum seul : 5 minutes - 6
parts. 29.Os ton Vassilea No 19, 30.Patera ion No 25, 31.Polychronion,
2 minutes - 3 parts 2/12. 32.Requiem, 5 minutes - 6 parts 2/12. 33.Se ymnoumen No 33, 34.Simeron
krématé epixylou, 35.Siyissato, 36.Te Deum, 37.Tou dipnou ssou tou mystikou, 4´ 5 minutes
- 6 parts 2/12. 38.Ty ypermacho, 2 minutes - 3 parts 2/12. Les informations
complémentaires appartiennent aux notes que Mme Petersen a
gardées après la déclaration faite auprès la
SACEM. Les
numéros : 1- 7, 9,
11-13, 16-19, 29-31, 33 sont parties de la liturgie de BIBLIOGRAPHIE1.
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Spathis, Dictionnaire des compositeurs grecs,
Athènes, 1985, p. 353. 11.Livre du centenaire de la cathédrale orthodoxe grecque Saint
Stéphane de Paris, Paris, 1995. 12.MONTSENIGOS Spyros, Neoelliniki
moussiki [La Musique Néohellénique],
Athènes, 1958. 13.PAPADIMITRIOU Constantinos, To moussikon zitima en ti ekklisia tis Ellados [Le
problème musical dans l’église de la Grèce],
Athènes, 1921. 14.PSACHOS Constantinos, I
Elliniki moussiki [La musique hellénique], dans Moussikologia 7-8/1989, pp. 147-151. 15.PSARIANOS Dionisios, Simvoli
is to zitima tis ellinikis ekklisiastikis i vizantinis moussikis
[Contribution au problème de la musique ecclésiastique
hellénique ou de la musique byzantine], Athènes, 1957. 16.ROMANOU Keti, Ellinika
Pliktrofora Organa [Les Instruments avec touches Helléniques],
dans Moussikologia 7-8/1989, pp.
27-47. 17.STAMATIADIS S., I
Enarmonisis tis Vizantinis Moussikis [L’harmonisation
de la Musique Byzantine], dans Ekklisiastiki
Alithia [La Vérité Ecclésiastique], Vol. 30, Nos 46
et 50, Vol. 31 Nos 1 et 2, Constantinople, 1910-1911. 18.VASSILIADIS Nicolaos, I Vizantini ekklisiastiki moussiki [La
Musique byzantine ecclésiastique], Athènes, 1940. 19.VERGOTIS George, Xenes Epidrasis sti Litourgiki Moussiki apo to
1830-1960 sto Elliniko Kratos [Les Influences Etrangères
à la Musique Liturgique à partir de 1830-1960 au pays grec],
Thessaloniki, 1987. PARTITION
SPATHIS S. A. , Hymnes pour l’office divin de Saint Jean Chrysostome, SOURCES
Certainement,
pour la plupart des informations notre source était Mme Petersen Spathis, tandis pour le catalogue
d’oeuvres, nous avons consulté les archives de la Société des Auteurs et Compositeurs Française
(SACEM). Finalement, nous avons écouté les deux disques qui
contiennent les quatre hymnes, chantés par les Choeurs Byzantins et enregistrés par le firme Pathé
- Marconi en 1952. Paris 1995 – Salonique 2007 |
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Métropole Grecque Orthodoxe de France – Hélène
Papadopoulou L’ EDITION DE L’ OEUVRE DE SPYRIDON SPATHIS – UNE EDITION EN SUSPENS |
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[1] Il s’agit d’une présentation faite à l’UFR de Musique et Musicologie à Paris IV (Sorbonne) en 1995 (peu arrangée pour l’internet).
[2] VERGIOTIS George, Xenes Epidrasis sti Litourgiki Moussiki apo to 1830-1960 sto Elliniko Kratos [Des Influences Etrangères à la Musique Liturgique dès 1830-1960 dans le Territoire Grec], Thessaloniki, 1987, p. 11.
[3] Livre du centenaire de la cathédrale orthodoxe grecque Saint Stéphane de Paris, Paris, 1995.
[4] Extrait des critiques (probablement par E. Vuillermoz), gardées par Mme Hélène Spathis-Petersen (la fille de S. Spathis), après la mort de Spyro Spathis.
[5] MONTSENIGOS Spyros, Neoelliniki Moussiki [La Musique Néohellene], Athènes, 1958, p. 252.
[6] KATAKOUZINOS Alexandros (Tergeste 1824 - Athènes 1892) étudia à Athènes et ensuite, à Paris et Vienne. Il fit connaître la musique liturgique pour quatre voix aux grecs de Vienne, où il dirigea pour 17 ans le choeur de l’église. Il a vécu à l’Odessa de la Russie pour 9 ans (1861-1870), où il fit la même chose. Il était le premier inspirateur de la musique ecclésiastique chorale dans la capitale grecque. Il s’agissait de la musique qu’il dirigeait à l’église de Sainte Trinité à l’Odessa et que ensuite, en 1836, transporta à la chapelle royale d’Athènes.
[7] HAVIARAS HATZINIKOLAOU Ioannis. Il était le premier chantre à l’église de Sainte Trinité à Vienne depuis 1844. La première essai d’harmonisation du chant byzantin fut par lui ; il s’agissait de sa liturgie (qui était aussi travaillée par le sous-directeur du palais à Vienne, B. Randhartinger). Cette liturgie était écrite pour une voix enfantine (Soprano) et trois d’hommes (Ténor 1, 2 et Basse).
[8] FILOPOULOS Giannis, Elliniki Poliphoniki Ekklisiastiki Moussiki [La Musique Ecclésiastique Polyphonique Grecque], Athènes, Ed. Nepheli, 1990, p. 94.
[9] VASSILIADIS Nicolaos, I Vizantini Ekklissiastiki Moussiki [La Musique Byzantine Ecclésiastique], Athènes, 1940, p. 5.
[10] LEOTSAKOS George, Spathis Spiridon, Dictionnaire des compositeurs grecs, Athènes, 1985, p. 353.
[11] MONTSENIGOS Spyros, Neoelliniki Moussiki [La Musique Néohellene], Athènes, 1958, p. 252.
[12] Mme Petersen nous confia qu’il y avait encore un enfant après Théodore, Alexandre. Malheureusement, il mourra à Paris suite d’une diphtérie à l’âge de 4 ans.
[13] LAVRANGAS Dionysios (1860-1941), d’origine des îles Ioniennes (né et mort à Céphalonie), fut ses études à Céphalonie et à Naples. Ensuite, il passa 4 ans au Conservatoire de Paris chez Th. Dubois et J.E.F. Massenet. Il rentra à Athènes en 1894 et fut le directeur artistique de l’Association Philharmonique d’Athènes et en 1900, le créateur du « Mélodrame Grec ». Sa première suite est constatée comme la première oeuvre symphonique de l’Ecole Nationale Grecque.
[14] Extrait d’une critique d’E. Vuillermoz à l’Echo de la France, 6/7 mai 1944.
[15] Il faut savoir qu’en Grèce, selon la tradition, seulement les hommes ont le droit de chanter pendant les services religieux.
[16] Voir dans l’Annexe l’introduction de l’édition de la liturgie de Saint Jean Chrysostome, Paris, 1963.
[17] Nous avons des mélodies qui sont chantées exceptionnellement certains jours durant l’année, selon la fête du saint ou de la sainte du jour. Ces chants se trouvent dans les feuilles exceptionnelles.
[18] SPATHIS A. Spiridon, Hymnes pour l’office divin de Saint Jean Chrysostome, Paris, 1963.
[19] Le couverture de la liturgie de Saint Jean Chrysostome se trouve dans l’annexe à la fin de la présentation.
[20] Voir dans l’Annexe pour un exemple.
[21] Voir dans l’Annexe : I ta chérouvim.
[22] Ison est une sorte de pédale vocale et traditionnellement, il est confié à la tonique. Chaque fois donc, que cette dernière change, l’ison change également, en montant ou en descendant respectivement.
[23] MONTSENIGOS Spyros, Neoelliniki Moussiki [La Musique Néohellene], Athènes, 1958, pp. 254-255.
[24] LABELET Napoléon (Corfou 1864 - Londres 1932). Il venait d’une famille des musiciens. Il étudia à Naples et Athènes et ensuite, il s’installa à Londres jusqu’à sa mort. Il composa, entre autres, une liturgie pour quatre voix pour l’église orthodoxe grecque de Londres.
[25]VASSILIADIS Nicolaos, I Vizantini Ekklissiastiki Moussiki [La Musique Byzantine Ecclésiastique], Athènes, 1940, p. 20.
[26] Psachos Constantinos est né en 1876 à Constantinople. Il étudia la théologie et philosophie et il s’occupa de l’étude de la musique ecclésiastique traditionnelle. Il est mort en 1949. Pour plus de détailles sur sa vie et son oeuvre, voir : DRAGOUMIS Markos, Konstantinos A. Psachos, dans Laographia [Laographie], vol. xxix (1974), pp. 311-322.
[27] ROMANOU Keti, Ellinika Pliktrofora Organa dans Moussikologia, 7-8 / 1990, pp. 28-29.
[28]Ibid, p.27.
[29] Stamatiadis Stamatis est né en 1865 près de Vosporos. Il étudia l’agronomie et la chimie à l’Université de Montpellier. Ensuite, il rentra à Athènes. Plus tard, il fit sa thèse en mathématiques. Il était un très important représentant de la demoticisme. Très tôt il s’occupa passionnément du problème ecclésiastique, autrement dit, l’harmonisation du chant byzantin. Il mourra en 1942.
[30] Giannidis Eliseos, I Vizantini Moussiki ke i Enarmonissi tis [La Musique Byzantine et son Harmonisation], Athènes, 1921, p. 54.
[31]Ibid, p. 62.
[32] GEORGIADIS Triantaphillos, I kath’imas ekklisiastiki moussiki [Notre musique ecclésiastique], dans le journal Moussikos Kosmos [Le Monde Musical], octobre 1929, p. 10.
[33] Ibid, p. 59.
[34] FILOPOULOS Giannis, Elliniki Poliphoniki Ekklisiastiki Moussiki [La Musique Polyphonique Ecclésiastique Grecque], Athènes, Ed. Nepheli, 1990, p. 58.